Les perturbateurs endocriniens : démêler le vrai du faux

Les perturbateurs endocriniens, c’est un sujet un peu flou pour vous ? 🧐 Vous êtes loin d’être seule. On en entend beaucoup parler mais on ne sait pas toujours à quoi ils correspondent et quels peuvent être leurs impacts sur la santé. 

Pour en savoir plus, Sorella a sollicité l’expertise d’Emma Lagrange, conseillère en naturopathie spécialisée en nutrition clinique et thérapeutique. On vous donne toutes les clés pour comprendre les risques des perturbateurs endocriniens et adopter les bons gestes au quotidien. 🌟 

🔎Petit rappel : c’est quoi le système endocrinien ?

Votre corps est composé d’un ensemble de systèmes : le système nerveux, endocrinien et digestif. Lorsque ces 3 systèmes sont coordonnés correctement et fonctionnement normalement, vous êtes en bonne santé et votre corps maintient un équilibre appelé « homéostasie ».

Le système endocrinien, c’est un peu le chef d’orchestre qui coordonne le fonctionnement des différents groupes d’organes par le biais des hormones.⚙️ Des glandes endocrines sont situées un peu partout dans votre corps (hypophyse dans le cerveau, thyroïde dans le cou, thymus dans la poitrine). 

Elles libèrent des hormones qui circulent dans le corps et interagissent entre elles pour maintenir l’équilibre entre les différents systèmes. Lorsque l’un des systèmes est altéré par une pathologie ou une infection par exemple, c’est l’ensemble de l’organisme qui est dérégulé. 

Pour rester en pleine forme, visez l’équilibre !🌝 

🎯Comprendre l’impact des perturbateurs endocriniens 

🤓C’est quoi un perturbateur endocrinien ? 

L’appellation « perturbateurs endocriniens » recoupe un ensemble de molécules et de substances qui entre en conflit avec votre système endocrinien. 

Cette notion est assez récente. Jusqu’aux années 80, personne ne se souciait de l’impact de ces molécules sur le corps. Il faut attendre 2002 pour que l’OMS propose une définition officielle : 

« Substance chimique naturelle ou synthétique, qui interfère avec le fonctionnement du système endocrinien et pouvant induire des effets néfastes». 

En 2016, la commission européenne a légiféré au sujet des perturbateurs endocriniens en spécifiant les différents critères d’identification qui permettent de reconnaître les perturbateurs endocriniens. Depuis cette initiative, nous sommes toutes et tous sensibilisés régulièrement à l’impact des perturbateurs endocriniens.

L’idée n’est pas d’adopter une hygiène de vie monacale mais d’être éveillée au sujet pour limiter au maximum l’exposition. 😉  Et vous verrez, ce n’est pas sorcier !

📍Où sont présents les perturbateurs endocriniens ? 

Dans l’air que vous respirez, dans l’eau que vous buvez, dans l’alimentation… les perturbateurs endocriniens sont présents un peu partout, difficile d’y échapper ! Mais pas de panique, l’objectif est d’en être conscient pour s’en préserver au maximum et diminuer votre exposition. Nous avons tous et toutes une marge d’action au quotidien ! 🧡

Pour vous aider à y voir plus clair, voici quelques perturbateurs endocriniens auxquels nous sommes fréquemment exposés : 

• Bisphénol A (BPA) : Utilisé dans la fabrication de plastiques et de résines, il se trouve souvent dans les emballages alimentaires, les bouteilles en plastique ou les revêtements de canettes. Le BPA entre en jeu dans la production d’hormones sexuelles et le développement des organes reproducteurs, notamment au moment de la puberté. 
• Phtalates : Présents dans les plastiques souples (PVC), les cosmétiques, les jouets et les produits de soin, ils perturbent en particulier les hormones sexuelles masculines. 
• Les pesticides (notamment organochlorés) : ces substances chimiques, comme le DDT ou le chlordécone sont présents dans l’environnement peuvent se retrouver dans votre alimentation. Ils sont réputés pour limiter ou bloquer l’action de certaines hormones et affecter le système endocrinien.  
• PFAS : revêtements anti adhésifs des poêles et casseroles, embout de la cigarette électronique, certains textiles (anti déperlant et vêtements de sport) et cosmétiques…

🩺Perturbateurs endocriniens : quels impacts sur notre santé ? 

🥊Comment les perturbateurs endocriniens entrent-ils en conflit avec notre système ? 

Les hormones de votre corps ne fonctionnent pas seules ! Elles sont activées grâce à des récepteurs situés un peu partout. Elles entrent constamment en interaction les unes avec les autres.🤝 Les perturbateurs endocriniens peuvent intervenir à différents niveaux pour interférer avec le fonctionnement normal des hormones. 

Ils peuvent notamment : 

• Mimer l’action d’une hormone. Les perturbateurs endocriniens imitent la structure des hormones, se liant ainsi aux récepteurs et provoquant des réponses biologiques excessives. Votre corps identifie alors un trop plein d’hormones qu’il doit évacuer. 
• Empêcher une hormone de se fixer à son récepteur. Si le couplage ne se fait pas, la transmission hormonale est entravée et l’hormone ne peut pas accomplir sa mission. 🫤
• Perturber la production et la régulation des hormones en s’attaquant par exemple au foie, organe de recyclage hormonale.
• Perturber le transport de l’hormone dans le sang tout au long de sa durée de vie dans l’organisme. L’hormone est alors moins disponible et inefficace. 

👀Êtes-vous particulièrement sensibles aux perturbateurs endocriniens ? 

Nous sommes tous et toutes exposés aux perturbateurs endocriniens. Cependant, quelques périodes de votre vie sont identifiées comme des fenêtres de vulnérabilité. 🫶

La période fœtale (sources : Santé Publique France et INSERM)

• Croissance rapide et formation d’organes : Pendant la grossesse, le fœtus subit des transformations importantes, avec la formation des organes et du système nerveux central. Les perturbateurs endocriniens peuvent interférer avec ces processus.
• Absence de protection du métabolisme : Le système métabolique et immunitaire du fœtus n’est pas encore capable de neutraliser les toxines, il est donc plus vulnérable.
• Transmission placentaire : Certains perturbateurs endocriniens traversent facilement le placenta, ce qui expose directement le fœtus aux substances qui perturbent son développement hormonal.

La petite enfance  (sources : Santé Publique France et INRS)

• Développement du système immunitaire et hormonal : Durant la petite enfance, le système hormonal et immunitaire se développe rapidement, ce qui rend les perturbateurs endocriniens particulièrement disruptifs à ce stade.
• Taux de croissance élevé : L'organisme en pleine croissance utilise des hormones de croissance. Les perturbateurs endocriniens peuvent les perturber en altérant le métabolisme et la maturation osseuse.
• Métabolisme immature : Le foie et les reins des enfants ne sont pas totalement développés, donc moins capables de filtrer et d’éliminer les perturbateurs endocriniens.
• Exposition environnementale accrue : Les enfants explorent leur environnement, portant souvent les mains à la bouche, ce qui augmente leur exposition aux perturbateurs endocriniens. 

La puberté (sources : Santé Publique France et Ministère de la santé et de la Prévention) 

• Changements hormonaux majeurs : La puberté déclenche des vagues d’hormones pour le développement sexuel. Les PE peuvent interférer en perturbant les taux d’hormones sexuelles comme l'œstrogène et la testostérone.
• Formation du système reproductif : L'exposition aux PE peut affecter la fertilité future en perturbant le développement des organes reproducteurs. 
• Toute la période de fertilité (tant chez les hommes que chez les femmes) : 
• Impact sur la fertilité : Les perturbateurs endocriniens peuvent affecter la production des gamètes et le fonctionnement des organes reproducteurs.
• Accumulation des perturbateurs endocriniens : Au fil des années, des PE s’accumulent dans les tissus graisseux du corps, ce qui peut perturber davantage votre système endocrinien à long terme.
• Influence sur les cycles hormonaux : Les PE peuvent affecter vos cycles hormonaux ce qui peut nuire à la fertilité. 

Rassurez-vous,  quelques astuces sont à portée de main pour vous préserver des perturbateurs endocriniens. On vous explique. 😉

🩵Au quotidien, comment limiter l’impact des perturbateurs endocriniens sur votre santé ? 

Voici quelques astuces à mettre en place facilement pour vous préserver au maximum des perturbateurs endocriniens. L’objectif n’est pas de changer rapidement votre manière de vivre mais d’agir de manière préventive. 

🍎Côté alimentation 

Voici nos conseils pour adapter votre alimentation :

• Identifier les aliments les plus exposés : 
  
  • Parmi les aliments les plus exposés aux perturbateurs endocriniens, on retrouve : le céleri, les endives, la laitue, les poivrons, les herbes aromatiques, les clémentines, les fraises, le pamplemousse, le raisin et par conséquent… le vin. Si possible, misez sur le bio !
  • Parmi les aliments les moins exposés, on retrouve : la betterave, le kiwi, l’avocat, le chou-fleur, qui sont moins traités avec des pesticides
• Varier votre alimentation pour ne pas être exposée aux mêmes perturbateurs endocriniens à répétition et privilégier les fruits et légumes de France (même bio!)
• Prendre le temps de bien lire les étiquettes pour en savoir plus sur la façon dont sont traités, acheminés et emballés les aliments. 
• Prêter attention aux emballages : l’aluminium est parfois surnommé « le métal œstrogène ». Munissez-vous de bocaux en verre pour aller chercher vos aliments en vrac. 🫙
• Changer vos batteries de cuisine antiadhésives par de l’inox 18/10 (plus sain et résistant dans le temps !).
• Éviter les tupperwares en plastique (et surtout ne pas les chauffer!) et privilégier les tupperwares en verre.
• Si vous consommez de l’eau en bouteille : éviter de garder votre bouteille plus d’une journée après ouverture (et évitez de la mettre au soleil !)
• Si vous consommez l’eau du robinet, des filtres à eaux existent afin de limiter votre exposition (différents tarifs et différentes filtrations).
• Consommer un maximum d’épices pour leur effet anti oxydants.
• Pour les poissons : préférez des labels de pêche responsables (MSC, pêche durable…)

🎀Côté hygiène de vie 

Nos petits tips pour faire les bons choix et adopter les bons réflexes : 

• Être attentif à la composition des médicaments : certains médicaments (hormones de synthèse) ou matériels médicaux (ciments dentaires) sont particulièrement nocifs pour votre système endocrinien. N’hésitez pas à demander conseil à votre professionnel de santé. 
• Être vigilant à la composition des cosmétiques et en particulier des déodorants qui sont souvent très chargés en sels d’aluminium. Le savon d’Alep fait très bien le job ! Utilisez l’application INCI Beauty pour vous aiguiller.
• Aérer votre maison ou appartement plusieurs heures par jour pour renouveler l’air de votre foyer. 
• Adopter des plantes détoxifiantes !

👖Côté vêtements 

Voici comment bien choisir vos vêtements : 

• Éviter les vêtements avec des matières dites « performantes » ou « respirantes » souvent très transformées et traitées. 
• Privilégier les matières naturelles comme le coton, la laine, le lin et ciblez les labels responsables comme Oekotex ou le label Coton Bio certifié Gots.

📚Les bonnes ressources pour en savoir plus sur les perturbateurs endocriniens 

Pour continuer de vous éduquer au quotidien, vous pouvez : 

• Vous renseigner auprès d’organismes et d’associations fiables qui militent pour une plus grande transparence. 
  
  • Génération future qui propose des livrets pédagogiques 
  • 60 millions de consommateurs pour apprendre à identifier les meilleurs produits 
  • Food Watch, une association indépendante qui sensibilise sur l’impact des perturbateurs endocriniens 

Vous en savez désormais un peu plus sur votre système endocrinien et l’impact des perturbateurs endocriniens. Être vigilante sur les produits du quotidien, c’est une manière simple et accessible de prendre soin de vous. 🩵

Pour suivre toute l’actualité d’Emma, rendez-vous sur son compte instagram @Endokarmaa.